L’assouplissement du permis à points voté jeudi par l’Assemblée nationale, qui réduit le délai nécessaire pour récupérer ses points, sauf pour les infractions les plus graves, satisfait le lobby des automobilistes et désespère les défenseurs des victimes d’accidents. L’association « 40 millions d’automobilistes » s’est félicitée d’une « première victoire » marquant un tournant dans leur « combat pour une politique de sécurité routière plus juste et orientée vers les principales causes de l’accidentologie ». « En réduisant le temps de récupération des points perdus pour les petits excès de vitesse et les fautes vénielles, ces nouvelles mesures vont ainsi permettre d’éviter de fragiliser trop fortement de très nombreux permis de conduire et de limiter les invalidations qui placent les personnes concernées en très grande difficulté sociale », plaide l’association. Le délai pour qu’un conducteur puisse récupérer ses points a été abaissé par l’Assemblée nationale de trois à deux ans, sauf pour les infractions et les délits de quatrième classe et au-delà (alcoolémie comprise entre 0,5 et 0,8 g, conduite à contresens…) pour lesquels la règle demeure inchangée. Selon un sondage publié le 22 novembre, 87,4% des Français souhaitent l’assouplissement du permis à points. « Ces nouvelles mesures ne doivent pas être interprétées par les automobilistes, comme une possibilité de relâchement vis à vis des règles de sécurité », prévient « Quarante millions d’automobilistes ». Mais pour le délégué général à l’association Prévention routière, Jean-Yves Salaün, cette décision « est un mauvais signal envoyé aux conducteurs ». « Depuis 2002, l’ensemble des conducteurs avaient réduit leur vitesse », permettant de faire « baisser la mortalité sur la route », a rappelé à l’AFP M. Salaün. « Avec cette mesure, un certain nombre de conducteurs, qui jouent avec leur capital de points, vont considérer qu’ils peuvent augmenter leur vitesse et on sait que ce facteur provoque une hausse de la mortalité », a-t-il déploré. Mais pour lui, il y a toutefois dans la loi d’orientation et de programmation sur la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) – dont le vote solennel aura lieu mardi à l’Assemblée nationale, avant son examen au Sénat à partir du 18 janvier – un élément positif : l’installation des éthylotests anti-démarrage pour les alcoolémies délictuelles. « C’est une décision importante au moment où l’alcool est devenu, avant la vitesse, le premier facteur d’accident mortel », s’est réjoui M. Salaün. Pour le professeur Claude Got, expert en sécurité routière, le 16 décembre « sera un jour noir pour ceux qui ont soutenu la politique de sécurité routière initiée fin 2002 à la demande de Jacques Chirac ». D’après lui, il est probable « qu’une fraction des automobilistes donnera à cette décision un sens précis : les faibles excès de vitesse ne sont pas des infractions graves ». « Ne pas comprendre qu’un grand nombre d’automobilistes s’autorisant à nouveau ces faibles excès peuvent produire un accroissement du nombre des tués sur les routes est une erreur grave d’appréciation de la part des responsables politiques », a fustigé le professeur Got. « Nous verrons lors du bilan de la fin 2011, à quelques mois des élections présidentielles, si cette décision détruit l’engagement présidentiel d’abaisser à 3.000 le nombre de tués sur les routes en 2012 », dit-il. Il y a eu 4.273 morts sur les routes en 2009 et le bilan devrait tourner autour de 4.000 tués cette année. Source AFP